
crayon, encre et collages sur papiers, format 30×30 cm
J’ai consacré mon article précédent à la conception de ma nouvelle série gravée “Clins d’œil à Jacques Callot“. Elle aboutira à la présentation de douze gravures sur vinyl dont j’aborde actuellement le tirage : longue étape finale en deux, voire trois couleurs, avec obligation d’attente d’un long temps de séchage des encres entre chaque passage… Ce qui me conduira au clap de fin vers mi-novembre.
Une phase d’attente, donc pour moi à l’atelier, que j’ai mis à profit en classant certains de mes cartons à dessin, faisant alors germer l’intention de ce présent article. Rien de nouveau, à vrai dire, pour mes lecteurs qui suivent de gravures en dessins, mes interrogations sur le mystère des images de l’art, au gré de mes découvertes et de mes envies. Un lien invisible alors peut se tisser entre mon propre regard contemporain et l’œuvre d’un créateur lointain, dans un dialogue sans enjeu, sinon celui de se questionner l’un l’autre . Mon imaginaire y pourvoie au risque d’anachronisme ou de mensonge, mais peut importe après tout car la chaîne de l’émotion n’est pas rompue, et l’image continue à vivre sous d’autres cieux et d’autres récits.
D’où mon attrait à découvrir dans les collections des musées ou les bibliothèques publiques des portraits d’hommes et femmes oubliés de notre temps dont une main artiste nous a légué les traits et le regard. Affaire donc de regard, de mensonge et de réappropriation qui sert de réceptacle à ma propre respiration. Chaque rencontre inattendue est une nouvelle expérience d’expression graphique avec les outils du dessinateur et du graveur, comme l’est mon cheminement en cours avec douze figures gravées par Jacques Callot de la série « Clins d’œil à Jacques Callot« , ou le fut auparavant encore ma « relecture » de portraits vénérés de papes dans l’histoire avec mes « portraits d’Outre temps« .
Un de mes cartons rassemble des dessins inspirés des collections du musée départemental Georges de la Tour de Vic-sur-Seille. Admirateur de ce grand peintre lorrain, j’y avait déjà consacré en 2014 une série gravée sur bois intitulée « Rouge est la couleur du mystère« . Le musée, placé sous la figure tutélaire de son Saint Jean Baptiste dans le désert, rassemble aussi, du fait de ses donations et acquisitions, nombre d’œuvres d’horizons variés de l’histoire de l’art. Parmi elles, beaucoup d’œuvres portent » une réelle attention aux êtres, une forme de pudeur »(*) nous mettant en relation avec une intimité de la peinture; et aussi avec de nombreux visages qui ont perdu depuis des siècles toute identité. Des toiles d’anonymes surgies de l’ombre renaissent sous une lumière nouvelle.
Parmi les peintures qui ont particulièrement éveillé mon plaisir et ma curiosité au hasard des salles d’exposition, je retiens ici deux œuvres qui ont suscité mes exercices de dessin.

Jacques Stella, autoportrait avec sa mère.
Il émane de ce double portrait un sentiment d’intimité et de grande proximité mutuelle. C’est dans doute le seul portrait de la mère de l’artiste que le temps nous ait légué, sans évoquer de plus le destin chaotique de cette œuvre : le catalogue nous apprend que la peinture, longtemps attribuée à Nicolas Poussin, fut sans doute sauvée de l’oubli par sa redécouverte, sans cadre et sans catalogue à une vente à l’hôtel Drouot en 1957.
huile sur toile, 65×55 cm, vers 1635. Inv. MV 1999. 1. 1

crayon, encre et collages sur papiers, format 30×30 cm

crayon, encre et collages sur papiers, format 40×50 cm

crayon, encre et collages sur papiers, format 30x32cm

encre et collages sur papiers, format 30×30 cm

encre et collages sur papiers, format 30×30 cm



encre, acrylique et collages sur papiers, format 30×30 cm (7 et 8) et 34×34 cm (9)
Cliquer sur l’image.

encre sur papier japon, format 85×55 cm / 60×22 cm.

Anonyme, la dame à la mante noire.
Je recherchais dans mes dessins la spontanéité du trait et l’évanescence de la figure, dans la fragilité d’un papier qui retient quelques traces d’encre, à la façon d’un trait de mémoire fugace. Cette seconde peinture se prêtait bien à cet exercice graphique. Dans un décor très sobre, la dame a le regard perdu dans ses souvenirs. Est-il celui d’un univers distingué du dix-huitième siècle, dans un salon parisien ? Mais nous n’en saurons pas plus car cette femme n’est pas identifiée, et la peinture n’est signée, ni datée. C’est une énigme que nous donnent à voir les cimaises du musée.
Huile sur toile, 81,5x 64 cm, XVIIIe siècle. Inv. MV 1999.1.13

encre et collages sur papiers, format 40×50 cm.

encre sur papier préparé, format 12×12 cm.

encre et collages sur papiers, format 40×50 cm.


encre et collages sur papiers, format 30×30 cm.
Cliquer sur l’image.

encre et collages sur papiers, format 30×30 cm.

encre et collages sur papiers, format 30×30 cm.
(*) voir Catalogue des peintures, Musée départemental Georges de la Tour, éditions Serge Domini.
Musée départemental Georges de la Tour
Place Jeanne d’Arc – 57630 Vic-sur-Seille
Tel 03 87 78 05 30
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