Offrande à la belle florentine

Jean-Charles Taillandier,  Offrande à la belle florentine
Inspirée de Portrait de Constanza Ghilandaio, peint par Ridolfo del Ghirlandaio, huile sur panneau, 1564, collection privée.
Tirage final sur papier Fabriano ivoire.

Cette gravure, Offrande à la belle florentine, est la plus récente de la série Entre Elles.
Elle est inspirée d’une peinture qui a fait l’objet d’un commentaire sur le net en mars 2020 (voir l’article), sous le titre Portrait de Constanza Ghilandaio, peint par Ridolfo del Ghirlandaio, huile sur panneau, 1564. C’est le portrait en buste d’une belle et noble florentine, au regard profond et lointain. Elle est coiffée d’une tulle légère et vêtue d’une robe noire au léger décolleté blanc. Elle a les bras repliés à hauteur de la poitrine et tient dans sa main gauche un tissu brun et blanc, tel un mouchoir de dentelle.

Elle adresse à nous, lointains spectateurs, ce regard perdu et interrogateur; j’ai pensé qu’il pourrait avoir pour cause un objet étrange et inconnu de son monde, qu’elle serre dans sa main gauche : une tablette graphique, par exemple… Une jeune fille d’aujourd’hui, à l’ample chevelure frisée, est présente à ses côtés. Elle lui a tendu l’objet et l’encourage de son geste à accepter l’offrande. Tel un cadeau d’accueil dans un univers qui transcende les temps.

Un croquis au stylo sur papier calque au format de la planche (50 x 50 cm – ci-dessous) en a défini la composition générale. Retranscrit sur la surface blanchie de la planche, le trait a guidé, en étapes successives, le travail de gravure en taille d’épargne sur le bois, jusqu’à un premier tirage de la matrice sur le plateau de la presse (avec encore par la suite d’autres menues corrections).
C’est pour moi un beau moment d’émotion de découvrir une image longuement méditée.

Tout naît d’un regard…

Cette suite gravée sur bois a pris forme sous le concept de la thématique unique du portrait féminin :
– Mettre en invraisemblable présence une femme d’un passé révolu aux côtés d’une femme d’aujourd’hui,
– Ou projeter dans notre univers contemporain une femme du passé dont l’anachronisme sera trahi par un simple détail (objet, détail vestimentaire ou singularité gestuelle).
Comment traduire par l’image ce hiatus et l’incohérence d’une telle situation qui ne sont concevables que sous l’angle de l’imaginaire ? Il me fallait donner corps et vraisemblance à l’intimité de leur présence. J’ai imaginé le regard de ces femmes empli d’un sentiment d’égarement, de solitude, mais aussi de bienveillance l’une envers l’autre.
Comment définir cet instant de stupéfaction qui met en étroite relation des êtres confrontés à la barrière du temps ? Dans ce moment étrange, nulle amorce de conversation verbale ne peut briser le silence… Et d’ailleurs dans quelle langage commun ?

S’amorce alors une petite mise en scène à un ou deux personnages dans leur cadre de papier. Elle demande à définir d’abord le choix des protagonistes : mes photographies personnelles, documents familiaux et dessins, ont inspiré les modèles féminins contemporains. Leurs consœurs lointaines peuplent par milliers les collections des musées, facilement accessibles grâce à leurs bibliothèques numériques. Leurs portraits peints ou gravés traduisent l’appartenance à leur époque ou à leur rang, induisent leur façon de se vêtir, se coiffer… de se mettre en évidence.
Je dois avouer que mon choix de sélection dans les collections, susceptible de servir mon projet plastique, a eu valeur très subjective. Métamorphosé en mon langage de graveur, il n’a pour finalité que de rendre vraisemblable un court instant de rencontre impossible.

Jean-Charles Taillandier,  Série Entre Elles, Portrait de femme à l’écharpe.
Inspirée de Isabelle 1ere de Lorraine, huile sur toile, par Ambito Fiorentino,
Galerie des Offices, Florence.
Bas :Travail préparatoire sur la planche gravée, 50 x 50 cm, année 2022.

Je vous présente ci-dessous plusieurs gravures représentatives de la suite Entre Elles.

Format de chaque planche : 50 x 50 cm – Tirage sur feuille Fabriano Pergamon au format 60 x 66 cm.
Tirage prévu à 15 exemplaires + 1 exemplaire de tête.
La série, amorcée dès l’année 2021 n’est pas close. De belles découvertes sont toujours possibles dans la richesse infinie des collections.
C’est une démarche évolutive, balisée par plusieurs articles en ligne de ce blog  :
Toute figure est un monde
Propos d’atelier sur « Entre Elles », une suite gravée
Trois variations sur Catherine

Invitation à une soirée Halloween
Inspirée d’une gravure de Claude Mellan, Portrait de Jeune fille, 1626
Donation Jacques Thuillier, musée des beaux arts, Nancy.
Le chandail de Mademoiselle Le Gras
Inspiré d’une gravure (G. du Change sculpt.), Mlle Le Gras, supérieure de la compagnie des filles de la Charité, vers 1640.
Donation Jacques Thuillier, musée des beaux arts, Nancy.
Catherine au tour du cou
Inspirée d’une peinture de Corneille de Lyon, Portrait de Catherine de Médicis, vers 1536,
Collection Pollesden Lacey, Surrey, Angleterre.
Une combattante
Face à face
Inspirée d’une peinture de l’Ecole flamande, Dame Bonne d’Artois, duchesse de Bourgogne,
Stadtliche Museen, Berlin.
Jeune femme au smartphone
Inspirée d’une peinture de Giuliano Bugiardini, Portrait de femme,
Palais Dorotheum, Vienne.
Le cri
Inspirée d’une peinture de Sandro Botticelli, Portraitd’Alfonsina Orsini,
Galerie Palatina, Florence, Italie.
Double portrait au livre
Couple
Inspirée d’une peinture d’Antonio Moro, Portrait de Catherine de Castille, XVIe siècle,
Musée du Prado, Madrid.
 Chut ! 
Inspirée d’une peinture d’Antonio Moro,  Portrait de Catherine de Castille , XVIe siècle,
Musée du Prado, Madrid.
Double portrait à la pomme.
Inspiré d’une peinture Renaissance italienne (?)
Questionnement
Inspirée d’une peinture de Pourbus l’Ancien, Portrait de femme, vers 1600,
Musée de Grenoble .
Chuchotements
Inspirée d’un autoportrait d Katarina von Hemessen non daté (vers 1550),
Bower Museum, Barnard castle, Angleterre.

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