
planche vinyl pour le noir en cours d’exécution, 30×30 cm, année 2024
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Jean-Charles Taillandier
Haut : – Alejandro / Allaria / Benedictvs
Bas : Raphaelo / Pontifex Maximvs / Scalchvs
gravures sur vinyl, 30×30 cm, année 2024

L’aventure avait commencé pendant l’été 2022.
Dans un article précédent intitulé Portraits d’Outre-temps, j’exprimais dans ce blog le défi graphique qui avait longtemps muri en moi suite à ma consultation à la bibliothèque Stanislas de Nancy d’un ensemble d’estampes dit Donation François Domergue de Saint-Florent. Cet homme de passion (1785-1875) rassembla sa vie durant une collection d’estampes originales de portraits de papes parcourant cinq siècles d’histoire, sur le temps long de la Renaissance italienne au Second Empire. C’était plus qu’un kaléidoscope d’images balayant les langages multiples du graveur (burin, eau-forte, lithographie…), j’y feuilletais dans ces trois recueils un répertoire de portraits hautement chargés d’une puissance symbolique, empreints de sacré, de respect et dévotion. Du temps de leur diffusion dans le monde chrétien, ils faisaient connaître l’aura charismatique du pape.
Que représentent pour mon propre attrait ces pièces de collection précieusement répertoriées sur les étagères d’une bibliothèque ? Par delà leur témoignage de virtuosité des maîtres graveurs d’antan, ma curiosité se nourrit indéniablement de leur anachronisme et de leur puissance symbolique. Au-delà de leur no man’s land temporel, stylistique et sacré, quelle connivence peuvent entretenir aujourd’hui ces images avec mon langage de graveur ? Que m’apportent-elles ? Comment pourrais-je me réapproprier l’essence formelle de ces portraits, de la façon dont on s’invente une fiction, quitte à perturber les temps, les identités, les ornements ?
C’est ce projet graphique qui se concrétisera et se déploiera jour après jour dans l’atelier, après multiples tâtonnements. Mon imaginaire prendra le pas sur l’aspect analytique de chaque image, les traits, les physionomies des visages vont se confondre, pour donner finalement naissance à cette inédite série de portraits d’outre-temps, que l’on pourrait qualifier de “virtuels“, où se réinventent des visages ornés de graphies latines fragmentaires puisées dans le corpus original.
Délaissant leur vocabulaire graphique originel, comme pour mieux m’inventer une fiction, j’ai opté pour le langage épuré du trait gravé en relief dans une planche vinyl avec les couleurs du noir, du rouge, et parfois du gris.

Jean-Charles Taillandier
Haut : Lebende / Magnvs
Bas : Omitibvs Ro / Omitibvs Roma
gravures sur vinyl, 30×30 cm, année 2024


Gravitas / de tout cœur / Ficit or
gravures sur vinyl, 30×30 cm, année 2024

Ci-dessous : ses 2 planches vinyl gravées, l’une pour le noir, l’autre pour le rouge.
gravure sur vinyl, 30×30 cm, année 2024




